Formation : Ensapc, Cergy (2011 - 2016)
Supports utilisés : Dessin, Vêtement, Sculpture, Peinture, Performance
Odonchimeg Davaadorj a obtenu le Prix ADAGP- "Révélation Arts Plastiques" au 65e salon de Montrouge, 2018. Le jury ADAGP fut coprésidé par Philippe Ramette et Elizabeth Garouste.
"Née en Mongolie, Odonchimeg Davaadorj quitte son pays natal à 17 ans pour vivre en République Tchèque avant de commencer ses études artistiques à Paris. Au fil de son parcours, le dessin est demeuré son médium de prédilection tout en laissant la mode et la littérature inspirer son approche. Sa pratique en tant que poète, écrivant en plusieurs langues dont le français, n’est pas à dissocier de son travail plastique. Elle se reflète en effet entièrement dans ses créations lyriques et subtiles. Un univers surréel et poétique nous est suggéré, où rêves, désirs et réalités se côtoient et se confondent. Se mêlant aux traits d’encre de Chine tout en prolongeant le dessin, les fils, cousus, brodés, perturbent la délimitation entre le textile et le graphique, ajoutant au caractère onirique de l’oeuvre. L’intervention du fil en relief ajoute un aspect tactile à l’image, traçant des liens forts tout en rendant compte de leur fragilité. Parfois, ce qui nous amène à rêver ne tient qu’à un fil."
Claire Mead
" Les dessins d’Odonchimeg Davaadorj à l’encre de chine, à l’aquarelle sur toile, au fil rouge, sur tissu ou sur papier, se regardent à plat ou contre les murs où ils forment, par des éléments additifs, des sculptures. Ses personnages se démultiplient en bras, en bois, en fragments de corps, en une multitude d’yeux, de visages, de visages qui émanent de visages. Les souvenirs de sa Mongolie natale prennent leur envol. La maternité, les paysages et le désir font partie de ses sujets. Ses toiles forment des installations ou prennent la forme de vêtements qui l’accompagnent dans ses performances. Ce qu’elle porte est en elle, dans le domaine de l’affectif, mais aussi sur elle comme autant d’indications de ses états de vie. Élégance et grotesque, candeur et mystique se mêlent dans des portraits et autoportraits.
Ses gestes, discrets, s’expriment pourtant fortement. Son travail et ses gestes s’inscrivent dans le registre sensible du tactile. Questions de femmes, questions de terre natale, tentatives d’enracinement : la mémoire affective est en mouvement. La multiplicité se décline. C’est une combinaison d’éléments différents que l’artiste rassemble et qui peuvent être vus comme un ensemble ou des pièces individuelles.
Après un séjour de quelques années à Prague, l’artiste expose en France depuis 2011. La féminité aussi se porte et évolue au cours des situations, d’où l’intérêt de l’artiste pour les performances, qu’elle réalise en public depuis 2012. Au cours du développement de ses oeuvres les représentations de féminité se complexifient et se problématisent. Les figures maternelles sont autant dévorantes que fusionnelles. Parfois les références sont érotiques ou marquent des relations assez littérales : nous sommes liés par des fils rouges. S’il y a des notes d’un ailleurs tout proche de la vie de l’artiste, il y a aussi des défis qui nous touchent tous : désirs, sentiments d’aliénation, frustrations. L’artiste tisse ces liens tout en déjouant les attentes de ses personnages, les liant et les libérant, avec intensité."
Sarina Basta